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20 octobre 2013 7 20 /10 /octobre /2013 15:45
Sotchi : un sportif, ça ferme sa gueule

Telle est la morale sans surprise de ces déclarations de sportifs sélectionnés pour les prochains JO d'hiver, qui auront lieu dans la région la plus chaude de Russie.

Quand on lit que celle qui se sent la plus concernée par les problèmes sociaux et politiques en Russie, n'imagine seulement que "d'emmener avec [elle] les gens dans des émotions intenses" en un mot, continuer à renforcer le voile mystique sportif, on reste consterné. Malheureusement, rien de surprenant.

Bises

Zinedine Z.

 

JO de Sotchi : les athlètes français divisés face à la sécurité

 

Les Jeux olympiques de Sotchi en Russie seront sous très haute surveillance. À trois mois de l'ouverture des jeux, le volet sécuritaire commence à être dévoilé. À travers un dispositif baptisé SORM, les services secrets russes pourront intercepter toute les conversations téléphoniques et les mails. Dans le même temps, les manifestations seront interdites de début janvier à fin mars. Une situation qui divise les athlètes français, réunis lundi à Paris pour la présentation de la délégation française.

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C'était le sujet sensible lundi lors de la présentation de la délégation française au CNOSF (Comité national olympique et sportif français). Le dossier qui ôtait le large sourire présent sur la plupart des visages des athlètes à 100 jours de l'ouverture de ces Jeux olympiques : la question de la surveillance généralisée et des atteintes aux droits de l'Homme.

Il y a dix jours, le dispositif de sécurité a été dévoilé par un journaliste indépendant russe. En résumé, le FSB, successeur du KGB, pourra écouter toutes les conversations, lire tous les courriels et accéder à tous les contenus échangés lors de ces jeux.

"Ne pas mettre son éthique au fond de sa poche"

"Il y a beaucoup de choses qui me heurtent, qui me gênent, qui me choquent", raconte ainsi Ophélie David, skieuse de ski cross.

"On ne peut pas mettre au fond de sa poche son éthique et ses convictions, et encore mois quand on est Français et qu'on a été élevé dans une certaine idée de la démocratie" (Ophélie David)

Et la championne de s'interroger, comme d'autres, sur ses moyens d'action. "La seule chose que je peux faire, c'est d'emmener avec moi les gens dans des émotions intenses quelque soient la religion, l'ethnie, les préférences sexuelles"

"Ca ne va pas nous empêcher de faire des performances"

Un discours finalement minoritaire. Beaucoup, voire une majorité de sportifs, préfèrent ne penser qu'au sport. C'est le cas de Brian Joubert, le patineur artistique. Le fait de savoir que ses conversations pourront être espionnées à tout moment ne le gêne pas le moins du monde.

Il raconte ainsi en avoir vu d''autres, notamment lors des Jeux de Salt Lake City aux États-Unis en 2002 quelques mois après les attentats du 11 septembre. "À l'époque, tout le monde avait peur des attentats. La sécurité était assez important et ca ne va pas nous empêcher de faire des performances", explique Brian Joubert et de conclure :

"Moi j'ai rien à me reprocher, alors ca ne me dérange pas"

Une frilosité qui peut s'expliquer par le contexte toujours particulier qui entoure les Jeux olympiques. Il y a d'abord la charte olympique et le CIO qui interdisent toute manifestation politique dans les enceintes sportives. Il y a aussi les dirigeants du sport français qui demandent, ou vont demander, aux athlètes de ne parler que de sport.

"Ne pas s'occuper de sujets qui les dépassent"

Pour Michel Vion, le président de la Fédération française de ski, "on peut imaginer au moment du choix des jeux, que la question se pose. Maintenant c'est comme ça, ce sera en Russie et à Sotchi avec le bien et le moins bien".

Selon Michel Vion, "les athlètes n'auront pas de consignes, mais on discutera avec eux de bien être sur leurs sujets et pas sur des problèmes qui les dépassent largement. Ils auront des objectifs à remplir eux-mêmes avant de s'occuper des autres".

"Notre boulot, c'est d'aller vite sur les skis"

Des consignes déjà bien assimilées par Jason Lamy-Chappuis, le porte drapeau de la délégation française et belle chance de médaille tricolore. Pas prêt donc de faire entendre son opinion lors de ces JO : "Nous notre boulot c'est de sauter loin et d'aller vite sur les skis et ça sera après quand je n'aurai rien a perdre au niveau sportif que je pourrais dire des choses... Mais pas pour l'instant."

Reste que de nombreuses organisations de défense des Droits de l'Homme appellent à la mobilisation à l'occasion des ces JO. Pas celle des athlètes, pris entre deux feux, mais celle de toutes les personnes qui vont assister à ces Jeux olympiques. Journalistes en tête. Pas question de laisser ces JO être un outil de propagande pour Vladimir Poutine. Il faut pouvoir parler de la société russe et des sujets qui fâchent même si le régime fait tout pour étouffer la contestation.

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  • : Le blog de Zinedine Z.
  • : Ce blog prétend déjouer l'hypocrisie du discours dominant sur le sport. Le sport est une emprise sur l'activité physique, une clôture pour la rentabiliser. Il tient le corps dans sa poigne de fer. Il enferme ses jeux, ses efforts, dans un système de mesures, afin de classer, comparer, hiérarchiser. Il presse l'activité physique sans fin pour en exiger une plus-value perpétuelle. On ne peut pas séparer le sport de la logique compétitive imposée aux êtres humains. A l'affrontement sportif correspond la lutte pour la survie, le "struggle for life" du capitalisme.
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