17 février 2008
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21:51
Nous publions ici un extrait d'un texte contre la candidature de Grenoble aux JO de 2018. Ni là, ni ailleurs !
http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=145
(...)
Une formidable « opportunité pour la montagne » ? Le développement du tourisme, des sports
d'hiver ?
http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=145
A l’approche des élections municipales, la campagne sourde et continue menée depuis des années par Destot, maire de Grenoble, pour obtenir l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver en 2018 à Grenoble a pris un tour aigu et tapageur.
Prenant prétexte de l’anniversaire des précédents Jeux d’hiver en 1968 à Grenoble, le techno-maire a jugé astucieux de fondre sa propre campagne pour sa réélection avec celle pour l’obtention
de nouveaux Jeux à Grenoble. Des panneaux géants dans toute la ville reproduisent des images de février 1968.
(...)
Une formidable « opportunité pour la montagne » ? Le développement du tourisme, des sports
d'hiver ?
Peut-être veut-il parler des remontées mécaniques ? On m'a récemment raconté l'histoire du
nouveau télésiège de Saint-Pierre-de-Chartreuse. Très représentatif de « l'opportunité pour la
montagne du développement touristique ». La petite station-familiale-très-prisée-des-Grenoblois a
connu une métamorphose depuis le printemps 2006. La municipalité de Saint-Pierre-de-
Chartreuse ne pouvait plus supporter que le télésiège principal soit vieux, possède seulement des
sièges 2 places et connaisse régulièrement des pannes. Cela « nuisait à l'image de la station ». Au
lieu de le rénover, elle a décidé d'en changer. Et d'en profiter pour faire de la publicité en réalisant
un « investissement innovant », c'est-à-dire un télésiège débrayable 4 places, inadapté aux besoins
de la station. Mais c'est que ça coûte cher ces engins-là : il a donc fallu extorquer des fonds au
Conseil Général et à diverses communes voisines et lancer une souscription publique. Les Moines
Chartreux donnèrent des milliers d'euros. Passons sur les intrigues et manigances, les coupes
d'arbres, le nouveau parking. Au début de l'hiver 2007, le nouveau télésiège, finalement un 6 places
débrayable - « c'était à peine plus cher » -, est prêt et on fixe la date de l'inauguration au 18 janvier.
Manque de chance, il n'y a pas de neige à cette date, comme plus de la moitié de cet hiver-là, alors
on la repousse au 29 juin. Tout un symbole pour un télésiège installé « pour combattre le
réchauffement climatique », selon le maire.
nouveau télésiège de Saint-Pierre-de-Chartreuse. Très représentatif de « l'opportunité pour la
montagne du développement touristique ». La petite station-familiale-très-prisée-des-Grenoblois a
connu une métamorphose depuis le printemps 2006. La municipalité de Saint-Pierre-de-
Chartreuse ne pouvait plus supporter que le télésiège principal soit vieux, possède seulement des
sièges 2 places et connaisse régulièrement des pannes. Cela « nuisait à l'image de la station ». Au
lieu de le rénover, elle a décidé d'en changer. Et d'en profiter pour faire de la publicité en réalisant
un « investissement innovant », c'est-à-dire un télésiège débrayable 4 places, inadapté aux besoins
de la station. Mais c'est que ça coûte cher ces engins-là : il a donc fallu extorquer des fonds au
Conseil Général et à diverses communes voisines et lancer une souscription publique. Les Moines
Chartreux donnèrent des milliers d'euros. Passons sur les intrigues et manigances, les coupes
d'arbres, le nouveau parking. Au début de l'hiver 2007, le nouveau télésiège, finalement un 6 places
débrayable - « c'était à peine plus cher » -, est prêt et on fixe la date de l'inauguration au 18 janvier.
Manque de chance, il n'y a pas de neige à cette date, comme plus de la moitié de cet hiver-là, alors
on la repousse au 29 juin. Tout un symbole pour un télésiège installé « pour combattre le
réchauffement climatique », selon le maire.
Ou peut-être Michel Destot (Maire de Grenoble) veut-il parler des canons à neige ? Investissement obligatoire des stations modernes leur permettant un enneigement continu, ces « enneigeuses »
cumulent les
« opportunités pour la montagne » : consommation d'électricité exhorbitante (plus importante que
celle des remontées mécaniques), pompage important d'eau, obligation de créer des « retenues
collinaires » (lacs artificiels) et perturbation du cycle de l'eau, appauvrissement écologique de la
végétation, bruit nocturne faisant fuir la faune, dégradation des paysages .
« opportunités pour la montagne » : consommation d'électricité exhorbitante (plus importante que
celle des remontées mécaniques), pompage important d'eau, obligation de créer des « retenues
collinaires » (lacs artificiels) et perturbation du cycle de l'eau, appauvrissement écologique de la
végétation, bruit nocturne faisant fuir la faune, dégradation des paysages .
Qu'importe, toutes les stations en installent des dizaines, jusqu'à celle d'Autrans qui vient d'acheter
le plus important équipement du genre en France pour un site nordique, au grand dam de certains
habitants. C'est que pour Thierry Gamot, directeur de la station, «les stations de ski, notamment de
moyenne altitude, ne peuvent plus se permettre de rester au stade de la cueillette, il y a trop
d’intérêts économiques et sociaux en jeu. Si nous voulons continuer à être considérés comme une
destination neige, nous devons pouvoir pallier son absence ou son insuffisance. » Une station de
ski, c'est avant tout « des emplois à préserver, un chiffre d'affaires à réaliser, des actionnaires à
rassurer et des retombées économiques à assurer » pour Claude Faure, président du directoire des
3 Vallées.
le plus important équipement du genre en France pour un site nordique, au grand dam de certains
habitants. C'est que pour Thierry Gamot, directeur de la station, «les stations de ski, notamment de
moyenne altitude, ne peuvent plus se permettre de rester au stade de la cueillette, il y a trop
d’intérêts économiques et sociaux en jeu. Si nous voulons continuer à être considérés comme une
destination neige, nous devons pouvoir pallier son absence ou son insuffisance. » Une station de
ski, c'est avant tout « des emplois à préserver, un chiffre d'affaires à réaliser, des actionnaires à
rassurer et des retombées économiques à assurer » pour Claude Faure, président du directoire des
3 Vallées.
Ou peut-être fallait-il voir des exemples d'« opportunité pour la montagne » dans les réalisations
des J.O. de 1968. Par exemple, le tremplin à ski de Saint-Nizier du Moucherotte - 6 millions de
francs de l'époque, 280 000 m de terrassement - construit à un endroit très rarement enneigé,
et qui s'est transformé depuis belle lurette en tas de béton abandonné avec vue sur Grenoble. Ou la
piste de bobsleigh de l'Alpe d'Huez – 3000 m de béton coulé -, curieusement construite en face
sud et également abandonnée depuis 1972 ; « sa destruction coûtant trop chère ».
J'aurais aussi pu parler des gigantesques bouchons du dimanche sur les routes d'accès aux stations
(malgré leur élargissement), de la transformation des villages en centres touristiques où poussent
les logements hideux aux prix exhorbitant, du saccage des sites par l'applatissement des pistes ou
l'installation des remontées mécaniques. J'aurais alors dessiné un tableau à peu près exhaustif de la
montagne iséroise aujourd'hui.
C'est à ce prix-là que les stations pourront perdurer, que la montagne française pourra accueillir les
J.O. de 2018 et continuer son « développement sportif, économique et touristique », si cher à
Destot Michel.
des J.O. de 1968. Par exemple, le tremplin à ski de Saint-Nizier du Moucherotte - 6 millions de
francs de l'époque, 280 000 m de terrassement - construit à un endroit très rarement enneigé,
et qui s'est transformé depuis belle lurette en tas de béton abandonné avec vue sur Grenoble. Ou la
piste de bobsleigh de l'Alpe d'Huez – 3000 m de béton coulé -, curieusement construite en face
sud et également abandonnée depuis 1972 ; « sa destruction coûtant trop chère ».
J'aurais aussi pu parler des gigantesques bouchons du dimanche sur les routes d'accès aux stations
(malgré leur élargissement), de la transformation des villages en centres touristiques où poussent
les logements hideux aux prix exhorbitant, du saccage des sites par l'applatissement des pistes ou
l'installation des remontées mécaniques. J'aurais alors dessiné un tableau à peu près exhaustif de la
montagne iséroise aujourd'hui.
C'est à ce prix-là que les stations pourront perdurer, que la montagne française pourra accueillir les
J.O. de 2018 et continuer son « développement sportif, économique et touristique », si cher à
Destot Michel.
Ce qui menace le plus la montagne française, ce n'est pas « la concurrence internationale » mais
l'expansion des stations. Vouloir organiser des J.O. d'hiver en 2018, c'est promouvoir cette
destruction durable de l'espace montagnard.
l'expansion des stations. Vouloir organiser des J.O. d'hiver en 2018, c'est promouvoir cette
destruction durable de l'espace montagnard.