Comme toujours lors des grands évènements sportifs, le mouvement social doit se taire pour laisser "la place libre" à la fête sportive obligatoire. Sport et liberté ? Deux notions qui s'opposent.
Bises
Zinedine Z.
BARCELONE — Des incidents ont éclaté vendredi à Barcelone entre policiers et jeunes "indignés" sur la Place de Catalogne, où les services municipaux ont démonté le campement des contestataires en prévision des festivités de la Ligue des Champions samedi.
Dans la soirée, au moins 5.000 personnes se sont rassemblées sur la place, en signe de protestation contre l'intervention policière, tandis qu'à la Puerta del Sol de Madrid, les manifestants, agitant des fleurs, criaient "Barcelone n'est pas seule".
Casqués et armés de matraques, les policiers sont intervenus de façon musclée vendredi matin pour disperser un groupe qui bloquait l'entrée de la Plaza de Catalunya, en plein centre de la capitale catalane (nord-est de l'Espagne), au moment où les camions de nettoyage emportaient les tentes et le matériel.
"121 personnes ont dû recevoir des soins, dont 37 policiers et 12 personnes qui ont été hospitalisées, toutes légèrement atteintes", a annoncé une porte-parole du service des urgences. Elle a précisé qu'il s'agissait surtout "de crises d'angoisse et de contusions multiples".
Une fois déblayé le campement, la foule des manifestants a de nouveau envahi la place, tandis que le réseau social Twitter relayait une foule de commentaires indignés sur l'intervention de la police.
Des appels à des manifestations de soutien aux "indignés" de Barcelone ont été lancés, via Twitter, pour vendredi soir dans toutes les villes espagnoles.
Comme sur la place de la Puerta del Sol à Madrid, où les manifestants ont installé un village alternatif devenu le foyer de la contestation, la Place de Catalogne était occupée depuis dix jours par des centaines de jeunes.
A Madrid, le ministre de l'Intérieur Alfredo Perez Rubalcaba a annoncé que les autorités "étudiaient" une éventuelle évacuation de la Puerta del Sol, à la suite de demandes insistantes du gouvernement régional et des commerçants riverains.
Le mouvement, rejoint par des citoyens de tous horizons, s'est développé depuis le 15 mai autour de revendications multiples, visant le chômage, la "corruption" des hommes politiques ou encore la loi électorale favorisant les grands partis.
Vendredi, la municipalité de Barcelone a décidé de faire place nette dans la perspective des célébrations prévues samedi soir, en cas de victoire du FC Barcelone en finale de la Ligue des champions de football, contre Manchester United à Londres.
Pendant que les camions des services de nettoyage emportaient le matériel, des policiers casqués ont fait usage de matraques et de balles en caoutchouc pour disperser plusieurs dizaines de manifestants.
"Une fois le nettoyage terminé, ils pourront revenir, mais sans les tentes, les couteaux et les objets potentiellement dangereux", avait expliqué une porte-parole de la police catalane.
"Ils nous font partir à cause du match, mais nous nous rassemblerons à nouveau, ici ou dans un autre endroit car notre match est plus important", assurait Albert Bonet, artiste et manifestant de 42 ans à la barbe blonde.
Un manifestant de 52 ans en chaise roulante, qui s'identifiait sous son seul prénom de Manuel, portait une pancarte avec les mots "ils ne pourront déloger nos rêves".
"L'évacuation a été lamentable. Ils ne m'ont pas battu parce que suis en chaise roulante, mais je les ai vu frapper des gens qui voulaient entrer sur la place", a déclaré ce professeur d'université. "Je suis sûr que l'indignation va être encore beaucoup plus vive", a-t-il ajouté.
"Dorénavant nous serons beaucoup plus nombreux", affirmait un autre manifestant, Enrique Lamotta, ingénieur sans travail âgé de 42 ans.
Le campement de Lleida (nord-est), une autre grande ville catalane, a également été évacué vendredi matin.
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