Merci à Claude Guillon
http://www.claudeguillon.internetdown.org/article.php3?id_article=218
JE BOYCOTTE...
Je boycotte les bureaucrates sanglants de Pékin qui tuent, dans la région autonome du Tibet et
en Chine, pour garder la main sur le chrome, le cuivre et l’uranium tibétains, pour contrôler au Tibet le plus grand réservoir d’eau potable de l’Asie, pour éviter que les régions chinoises ne
fassent sécession comme celles de l’ex-URSS, et pour maintenir leur pouvoir de classe sur une immense main-d’œuvre louée à bas prix au capitalisme mondial.
Je boycotte les ordures d’État, en France et ailleurs, qui les soutiennent, les excusent ou les ménagent en espérant - les
crétins ! - « conquérir un nouveau marché ».
Je boycotte un Sarkozy qui ose déclarer que : « Le souhait de la France est que tous les Tibétains se sentent en mesure de vivre
pleinement leur identité culturelle et spirituelle au sein de la République populaire de Chine. »
Note 1. Le souhait de Laval et Pétain était que tous les Français se sentent en mesure de vivre pleinement leur identité culturelle au sein de l’Europe régénérée qu’incarnait l’armée nazie.
Hélas ! le « dialogue » et la « retenue » ne l’ont pas emporté...
Note 2. Fais pas le malin, Fabius ! Si des émeutiers avaient attaqué l’Hôtel de ville du Grand-Quevilly, tu aurais été le premier à appeler la troupe !
Je boycotte les niaiseux sportifs [1] qui
écrivent dans une supplique à Hu Jintao : « Nous croyons que les Jeux, au-delà de la marchandisation du sport, des rivalités politiques, des récupérations, représentent ce que
l’humanité a de plus pur : le dépassement de soi, la fraternité, l’amitié et le respect entre les peuple. »
« Au-delà » de l’exaltation de la « race pure », de la paranoïa antisémite et antibolchévique, de l’éradication du mouvement ouvrier et des groupes
« racialement inférieurs » dans les camps de travail et d’extermination, le nazisme était une chouette aventure entre garçons musclés et jeunes filles saines appréciant le grand air et
la musique symphonique.
Je boycotte un dalaï-lama, curé aussi coincé du cul que ses semblables des autres religions, et sa claque de bobos occidentaux, qui sourient niaisement à chaque
communiqué d’appel au dialogue que le bonhomme pond religieusement tous les dix cadavres d’émeutiers (Quand dalaï-lama fâché, dalaï-lama toujours faire ainsi !).
Note. Peut-on boycotter un exilé politique ? En voilà une question idiote ! Imaginez que le énième pape soit chassé du Vatican et obligé de vivre, à Avignon par exemple ! Ses
cochonneries sur l’euthanasie, la contraception et la branlette en deviendraient admirables, c’est ça ?
Je boycotte, puisqu’il est question de la Chine et de l’attitude des occidentaux à son égard, un Badiou qui compare les manipulations de Mao lançant la prétendue
« Révolution culturelle [2] »
avec l’explosion libertaire de Mai 68, et profite du désarroi des degauches sarkozyfiés pour leur refiler une version light du stalinisme maoïste, avec mentions de la
« violence », qui visait malheureusement un ennemi « incertain » ou « le parti lui-même ».
Lisez-le : « Le marxisme, le mouvement ouvrier, la démocratie de masse, le léninisme, le Parti du prolétariat, l’État socialiste, toutes ces inventions remarquables du
XXe siècle [sic], ne nous sont plus réellement utiles. Dans l’ordre de la théorie, elles doivent certes être connues et méditées. Mais dans l’ordre de la politique,
elles sont devenues impraticables. » Badiou Alain, De quoi Sarkozy est-il le nom ?, Lignes, 2007, p. 150. Je souligne.
Combien de dizaines de millions de cadavres [3], Badiou,
a-t-il fallu pour contraindre staliniens et maoïstes à reconnaître comme « impraticables » ces « inventions remarquables » ?
On voit qu’il n’y a pas qu’au rayon boucherie des supermarchés qu’on pratique la « remballe » !
Vous allez me dire : Boycotter, c’est un peu court, uniquement négatif... Je vous donne raison, Ninon ! Et c’est pourquoi, dans le même registre symbolique.
[1] Ceci est un pléonasme. À vos dictionnaires !
[2] « La "Révolution culturelle" qui n’eut de révolutionnaire
que le nom, et de culturel que le prétexte tactique initial, fut une lutte pour le pouvoir, menée au sommet entre une poignée
d’individus, derrière le rideau de fumée d’un fictif mouvement de masses (dans la suite de l’événement, à la faveur du désordre engendré par cette lutte, un courant de masse authentiquement
révolutionnaire se développa spontanément à la base, se traduisant par des mutineries militaires et par de vastes grèves ouvrières ; celles-ci,
qui n’avaient pas été prévues au programme, furent impitoyablement écrasées). » Simon Leys, Les Habits neufs du président Mao. Chronique de la Révolution culturelle,
Éditions Champ libre, 1971 ; rééd. in Essais sur la Chine, coll. Bouquins, 1999.
[3] Je ne prétends pas faire ici l’addition des victimes du
stalinisme dans ses versions concurrentes, soviétique, chinoise, et cambodgienne ; je ne voudrais pas déprimer d’éventuels lecteurs néo-nazis qui se prennent pour de vrais durs.